Guide de survie du réveillon, sans y laisser des plumes 🪶
Comment se parler à Noël sans avoir envie d’étouffer son voisin avec une part de bûche ! (gratuit jusqu'au 5 janvier)
Hello ! En ces temps de fêtes, je me suis demandée quel cadeau vous faire, et j’ai trouvé je pense ! Voici quelques pistes et moyens de débrouiller la communication qui peut être compliquée, dans les fêtes de famille, pour que ça reste un bon moment ! J’espère que ce guide vous trouvera à temps pour être utile 😉
Voici ce qu’on va voir :
Les “Messages au Tu” et les Patates chaudes
Trouver la réponse appropriée, selon à qui appartient le problème
Quand nous ne sommes plus dans l’écoute nous-mêmes
Gérer les sujets qui fâchent
Faire respecter ses limites
Ce guide est envoyé à tous mes abonnés et disponible en accès libre 🎁 pour tous jusqu’au 5 janvier ! (après quoi, il restera accessible à mes abonnés premium).
Ah, la magie de Noël, le réveillon, ce doux moment où on réunit autour de la dinde des gens qui s’aiment… mais qui ne parlent plus tout à fait la même langue, parfois, parce qu’ils ne se voient pas si souvent. Entre le cousin qui a un avis sur votre carrière, la tante qui commente votre assiette et les débats politiques qui glissent plus vite qu’une luge sur du verglas, la magie de Noël ressemble parfois à un champ de mines !
Ce guide a pour objectif de vous aider à rester fidèle à vous-même, écouter sans s’effacer, et s’affirmer sans attaquer, grâce à des techniques concrètes de communication efficace, inspirées de Thomas Gordon, psychologue auteur de plusieurs livres sur ce sujet, que je trouve très intéressant.
Voici donc différentes astuces pour faire face à des situations courantes de la vie quotidienne, et qui peuvent encore plus arriver entre proches dans un contexte où on n’est pas, de base, sur un niveau de discussion profonde, mais on peut aborder quand même des thèmes complexes…
1. Mieux gérer les jugements implicites : le “Message au Tu” et la Patate chaude
Dans nos conversations se glissent parfois des phrases qui déclenchent de la frustration ou de la colère, bien qu’on aie du mal parfois à identifier pourquoi. Les gens me disent qu’ils se disputent souvent pour des broutilles.
Ce n’est pas seulement une question de sensibilité qui serait trop développée, mais un jugement plus ou moins implicite qu’on vous a envoyé … et qui fait partie des obstacles à la communication.
Parce qu’on envoie, en même temps que l’information qu’on a un problème, une “patate chaude”, c’est-à-dire, un jugement ou une critique implicite, qui n’apporte rien en fait à la résolution du problème, mais par contre envenime vite la conversation : celui qui reçoit la patate chaude, n’a qu’une hâte : s’en débarrasser et la renvoyer en retour ! Et hop… on ne s’occupe plus du problème de départ.
Exemple :
“Tu n’as pas fait la vaisselle” = “la vaisselle n’est pas faite” (c’est un fait) + “tu en es responsable” → je vais faire quoi ? rejeter en premier la responsabilité.
“Tu as encore changé de travail ?” → jugement implicite : “tu es instable”. Changer de travail est un fait, rajouter “encore”, c’est qu’on considère que c’est un problème. C’est une critique, à peine voilée.
Bien évidemment, l’interlocuteur concerné, en général, s’occupe de la patate chaude, et en plus, on peut lui reprocher qu’il / elle est “trop sensible”, qu’on disait ça parce qu’on s’intéresse à lui / elle, etc. Bref : déjà il est jugé, et en plus il n’a le droit de rien dire !
On appelle aussi ce type de message, les Messages au Tu, parce qu’il y a souvent ce “tu” dedans qui est l’élément accusateur. Cela peut être d’autres tournures, et il y a des phrases en tu qui ne sont pas jugeantes, mais cela résume l’idée.
Ex :
“ah, ça y est, tu es rentré” → c’est un fait; selon le ton, ça peut être jovial, ou ennuyé et apporter une dimension autre, mais à la base, c’est plutôt factuel.
“ah, ça y est, tu es enfin rentré” → là visiblement c’est problématique. On s’attend à se prendre une avoinée, quoi.
Tout dépend aussi le ton, bien sûr, à l’écrit, il manque des informations. Cela pourrait être prononcé sur le ton du soulagement, aussi.
Tout est question de contexte, de toute façon. Mais j’espère que vous avez saisi l’idée. Ce moment où vous sentez que vous rajoutez une petite pique… qui peut ensuite dégénérer (puis quand c’est fait, on ne peut plus la rattraper).
Comment se débarrasser autrement de la patate chaude ?
Astuce express : nommer la patate chaude = la faire tomber à plat.
On peut, déjà, essayer de se poser quelques secondes dans sa tête, pour identifier, justement, qu’il y a une patate chaude dans le message (ou s’il y a, et dans ce cas faire confirmer - on a vite fait d’interpréter !!).
Et puis faire ce que j’appelle “accuser réception”, c’est-à-dire, expliciter qu’il y a une patate chaude dans ce qu’on nous a dit.
Plutôt que la recevoir et qu’elle atteigne son but, hop, on la regarde passer, et on la laisse tomber par terre !
Exemples de réponses :
Très simplement :
“ah ben c’est sympa…”
“ah, et une balle perdue pour moi” comme disent les jeunes (mince je me sens vieille là)
“bon ben je vais y aller, moi…”
Bref, l’idée c’est de faire sentir qu’on a ressenti un malaise et de mettre le doigt dessus, pour que l’interlocuteur comprenne que quelque chose dans son message a produit ça, et évacuer la patate chaude qui n’apporte rien à la conversation, avec un peu d’humour qui aide à maintenir la conversation dans un angle sympathique (où l’y remet un peu plus).
Plus explicite, selon la façon dont on veut replacer la personne, et exprimer une position plus construite, notre vision :
Sur le changement de travail :
“De la façon dont tu dis ça, j’ai l’impression que tu me reproches d’être instable. Tu peux avoir ton avis, mais j’estime que c’était important de retrouver un travail qui me corresponde.”
On est retourné sur le problème de fond, et on s’en sort sans agresser l’autre, mais en le remettant en place quand même. On a le droit de ne pas être du même avis, mais… on n’a pas forcément demandé son avis en plus !
Sur la vaisselle non faite :
“Effectivement, la vaisselle n’est pas faite, je ne savais pas que j’en étais responsable.”
Par exemple, ou autre chose, qui re-clarifie, ce qui visiblement ne l’était pas. On a un reproche, mais pourquoi ? Toujours, tout dépend le contexte.
Les patates chaudes sont souvent là pour faire passer un message de quelque chose qui nous ennuie et qui est répétitif : eh bien, autant le clarifier vraiment, affronter le problème, plutôt que le traiter à moitié et que ça devienne un 2e problème parce qu’on abîme la relation…
En résumé, le modèle de réponse :
Écoute / reformulation : prendre le temps de reconnaître le jugement implicite, le rendre explicite.
En tout cas, ce qu’on en a ressenti. Si cela peut être une interprétation de notre part, dire “j’ai l’impression”, au moins, cela laisse à l’autre une porte de sortie pour revenir sur ce qu’il a dit sans se sentir coincé, ou sans ré-alimenter une autre source de conflit possible parce que sinon c’est “non j’ai pas dit ça” - et c’est vrai, il ne l’a pas dit !
Réponse assertive si besoin : exprimer sa position, son avis. Pas se justifier, juste faire comprendre qu’on a un autre avis. Et les 2 ont le droit de coexister.
2. Trouver le mode de réponse approprié, selon à qui appartient le problème
On s’épuise souvent à résoudre des problèmes qui ne nous appartiennent pas. Cela se traduit des fois par des discussions qui s’éternisent avec une personne qui va vous répondre tout le temps “Oui, mais…” : ça, c’est parce que vous êtes en train de discuter à côté du problème, elle ne vous a pas demandé de le résoudre, mais vous vous y efforcez.
Spoiler : ça ne marche pas, même si vous voulez très fort l’aider. Ça fonctionne beaucoup mieux de se limiter à résoudre ses problèmes, et s’occuper de ceux des autres, seulement s’ils vous le demandent.
Ça ne veut pas dire que vous ne puissiez rien faire pour elle, mais pour l’instant, si ça ne donne rien, prenez un temps de recul et regardez à qui appartient le problème.
Mais comment s’en rendre compte ? Thomas Gordon distingue trois types de problèmes pour choisir la bonne réponse. Un problème peut appartenir :
à l’autre
à moi
ou aux 2.
La question à se poser est :
Ça gêne qui exactement ? Qui souffre du problème ?
(c’est aussi une question de l’approche systémique, au passage 😉)
1️⃣ Ça gêne l’autre → le problème lui appartient.
🟠 Exemples : On vous dit :
« Au travail, j’ai l’impression de faire beaucoup d’efforts et que personne ne les remarque. »
« Avec mon compagnon, j’ai l’impression qu’on ne se comprend plus. »
« Je suis épuisé en permanence, même quand je me repose. »
« Je me demande si j’ai fait le bon choix avec ce déménagement.”
On est d’accord que ces situations ne vous concernent pas vous, directement. Vous ne souffrez pas du problème, normalement (si oui, c’est un autre cas de figure).
🟠 Que faire dans ces situations ? L’écoute active
Quand une personne parle d’un problème qui lui appartient, le plus aidant n’est pas de donner un avis, un conseil ou une explication, mais de pratiquer l’écoute active.
Concrètement, l’écoute active consiste à :
écouter sans interrompre,
repérer l’émotion ou la difficulté principale, la valider (rien que ça, ça fait du bien)
la reformuler avec des mots simples.
on peut aussi faire une hypothèse sur l’émotion ressentie par l’autre, si ça l’aide à s’exprimer (par exemple, pour les enfants, ça marche bien).
L’objectif n’est pas de résoudre le problème, mais de montrer à l’autre qu’il est compris.
Cette reconnaissance apaise souvent la tension émotionnelle et permet à la personne de se sentir moins seule avec ce qu’elle traverse, et bien souvent, de justement réussir à continuer à parler de ce qui la préoccupe, et avancer vers sa solution.
Vous voyez, comme quand vous allez poser une question à quelqu’un et que finalement, la question à peine posée, vous avez trouvé la réponse ? C’est pareil.
Aider à parler du problème est bien souvent le meilleur service que vous pouvez lui rendre, en l’écoutant.
🟠 Réponses d’écoute active possibles
« On dirait que ça te décourage beaucoup. »
« Ça a l’air frustrant de donner autant sans retour. »
« Mince, qu’est-ce qui te fait dire ça ?”
« Oui, j’avais l’impression que tu étais soucieuse. Qu’est-ce qui se passe ? »
« Ça doit être difficile avec ton travail, du coup ? »
« Ça a l’air déstabilisant comme période pour toi. »
Ce sont des situations relativement faciles, vous n’êtes pas en cause. Mais cette notion d’écoute active est utile ensuite, pour le reste aussi…
2️⃣ Ça me gêne, moi → le problème m’appartient.
🟠 Exemples :
La discussion devient trop intense pour moi : Le ton monte, les débats s’enchaînent, je me sens envahi ou épuisé.
Je me sens mis·e sur le devant de la scène : On me pose beaucoup de questions personnelles, même gentiment, mais ça m’expose trop.
Le rythme ne me convient plus : La soirée s’éternise, je commence à fatiguer alors que les autres sont encore très en forme.
Une blague ou une remarque me met mal à l’aise : Ce n’est peut-être « qu’une blague », mais elle me touche ou me crispe.
🟠 Que faire dans ce cas ? Partager mon problème, en parlant en “message-je”
Ici, l’objectif n’est ni de corriger l’autre, ni de prouver qu’il a tort. Ca dériverait encore vers une discussion juste désagréable pour tout le monde et contre-productive.
Il s’agit simplement de poser une limite personnelle, compréhensible, sans accusation.
La structure est en 3 temps :
Décrire ce qui se passe, factuellement (des faits, le plus possible, pas des interprétations : quelque chose que tout le monde peut constater, quelque soit son point de vue)
Dire ce que ça me fait, à moi, mon ressenti, mes sentiments (c’est indiscutable, ce sont les miens, personne ne sait mieux que moi, je parle juste depuis où je suis moi)
Exprimer mon besoin ou mon ajustement.
C’est une information donnée à l’autre, pas une demande de justification.
🟠 Exemples de messages-je possibles et variantes plus courtes
Discussion trop intense :
“Oh, ça devient trop animé pour moi comme débat, je n’arrive plus à suivre, j’ai besoin de faire une pause”.
“Ouh là, mon cerveau est en train de surchauffer là 😅, je vous laisse continuer, moi j’ai besoin d’un sujet niveau 2 neurones.”
“Je sens que je décroche, là, je vais faire une pause deux minutes.”
Ce n’est pas “mal”, c’est juste trop pour moi.
Trop d’exposition personnelle :
“C’est gentil de vous intéresser, mais ça devient gênant”.
“Je ne suis pas sûre que tous les détails de ma vie intéressent toute la table”.
“Alors là, on entre dans la zone “vie privée sous cloche” 😄”
“Je préfère qu’on garde un peu de mystère, sinon après j’ai plus rien à raconter.”
On peut aussi enchaîner en faisant une pirouette pour faire parler de quelqu’un d’autre ! : “Et toi, au fait…”
Fatigue / rythme :
“La soirée est très sympa, mais je commence à être vraiment fatigué·e, je vais rentrer me coucher.”
“Je suis officiellement en fin de batterie, je rentre !”
“Si je reste, je vais devenir franchement moins sympathique, donc je préfère m’éclipser 😅”
“Je vous adore, mais là mon corps vote pour le canapé.”
Et s’il y a des gens qui insistent pour que vous restiez, ou qui pensent que vous les aimez moins parce que vous ne restez pas plus longtemps (ça existe), rassurez-les éventuellement… mais restez sur votre besoin.
Blague ou remarque inconfortable :
Ici, l’objectif est de nommer l’inconfort sans faire un procès, et surtout sans rire avec si ça nous touche.
“Je sais que c’est pour rire, mais de mon côté ça me met plutôt mal à l’aise.”
“Ouch… celle-là, elle pique un peu pour moi.”
“Je vais faire la rabat-joie deux secondes : ça, ça ne me fait pas trop rire.”
“Je crois que je ne suis pas en état pour ce genre de blague ce soir.”
Le “ce soir” évite de figer l’autre en personne toxique (qui aurait tendance à se mettre sur la défensive du coup, et c’est reparti pour un tour…").
Poser une limite ne veut pas dire que l’autre a mal agi.
Ça veut dire : « Voilà comment je fonctionne, et voilà ce dont j’ai besoin pour être bien ».
Si ça ne suffit pas à avoir gain de cause, on voit après les méthodes de survie !
3️⃣ Ça nous gêne tous les 2 (ou plus) → le problème nous appartient.
🟠 Exemple :
Faire manger les enfants avant ou avec les adultes, quand les avis divergent…
Maman A : « On va faire manger les enfants avant nous, ça sera plus simple.
Maman B : « Non, moi je préfère qu’ils mangent avec nous à table. »
Parti comme ça, ça paraît compliqué de trouver une solution !
🟠 Comment faire ? La méthode de résolution de problèmes
Pour gérer une situation où les deux parties ont un problème, voici les étapes clés :
Définir le problème sans jugement, que chacun comprenne ce qui pose réellement problème. Bon, c’est quoi le souci ?
Écoute active (la revoilà !) : exprimer ses besoins et sentiments : chacun explique ce qui est important pour lui dans la situation, puis reformuler pour vérifier qu’on a bien compris. Cela permet de découvrir les besoins réels, souvent cachés derrière les positions rigides.
Chercher des solutions ensemble : proposer plusieurs pistes, les évaluer sans jugement ni critique.
Trouver un compromis qui respecte les besoins de chacun au moins partiellement. Vérifier que chacun se sent entendu et que la solution est réaliste pour la situation.
🟠 Exemple de résolution de problème - la méthode sans perdant
Quel est le problème : il y a un désaccord sur le moment où les enfants doivent manger.
Maman A : On va faire manger les enfants avant nous, ça sera plus simple.
Maman B : Ah mince, non, moi je préfère qu’ils mangent avec nous à table.
Écoute active et reformulation :
Maman A : Ah, tu aimerais qu’ils mangent avec nous à table…
Maman B : Oui, je trouve que c’est plus sympa pour partager le repas. Et la mienne ne mangera pas grand chose sans ça, on n’a pas l’habitude comme ça… Mais toi, tu préfères les faire manger avant ?
Maman A : Oui, je pensais que ce serait plus calme après, et je veux éviter qu’ils se gavent de petits trucs avant le repas.
Grâce à l’écoute active, les besoins profonds apparaissent :
Maman A = calme/logistique/repas sain pour son enfant
Maman B = partage/lien familial et profiter du repas avec son enfant
Chercher des solutions & trouver un compromis :
Maman A : Bon, on a deux façons de voir les choses… toi tu veux qu’ils mangent à table, moi je préférerais qu’ils aient déjà mangé.
Maman B : Oui, et je comprends que tu veuilles éviter que ton enfant se jette sur tous les gâteaux d’apéro…
Maman A : Exactement ! Et toi, tu veux partager ce moment avec ton enfant, que ce soit convivial.
Maman B : Oui, je trouve ça important comme moment à partager...
Maman A : Alors… et si on les faisait commencer à manger en même temps que l’apéritif ? Comme ça, ta fille est à table, avec nous, et le mien mange quelque chose de sain avant le repas.
Maman B : Hmmm… oui, ça peut marcher. Comme ça, ils sont assis ensemble, mais chacun commence à son rythme. La mienne met du temps de toute façon, elle nous rattrapera !
Maman A : Et pour le dessert, on fait tout le monde ensemble, comme ça personne ne se sent exclu.
Maman B : Parfait ! Comme ça, chacun est content, et le repas se passe tranquillement, on ne court pas non plus.
Bénéfice : chaque besoin est pris en compte, la tension disparaît, et le repas reste convivial et harmonieux.
🟠 Points clés :
Les positions rigides cachent souvent des besoins légitimes.
L’écoute active est une super clé pour découvrir les besoins cachés.
Le compromis, c’est trouver une solution qui convient au moins en partie à chacun.
3. Quand c’est nous qui sommes dans la non-écoute…
Quand une discussion dérape, on pense souvent que l’autre communique mal. Il ne veut rien entendre, il se bute, il s’obstine…
En fait, on crée parfois nous-mêmes des blocages, sans aucune mauvaise intention ! On veut aider, rassurer, comprendre, faire avancer les choses… et on fait exactement l’inverse.
Voici les de fréquents obstacles à la communication qu’on installe malgré nous.
1. Le « moi-je » (parler de soi quand l’autre parle de lui)
Exemples : “moi aussi, ça m’est arrivé”, “moi, à ta place, je ferais autrement”
Pas moyen, même gentiment, ça envoie “je parle de moi”, “je sais faire mieux que toi !”
Résultat : l’autre ne se sent pas écouté, on ne s’intéresse pas à lui en fait.
2. Rassurer ou minimiser trop vite
Exemples : “ce n’est pas si grave, “t’inquiète, ça va passer. »
Intention : apaiser. Effet réel : l’émotion est invalidée.
Or, on ne se calme pas quand on se sent incompris.
3. Donner des conseils non demandés
Exemples : “tu devrais faire comme ça.” “il suffit de prendre du recul.”
Même pertinent, un conseil trop rapide peut donner : “tu ne sais pas faire, tu n’es pas capable”
Quand la personne voulait juste être écoutée, la discussion se ferme.
4. Juger ou moraliser (même subtilement)
Exemples : “tu es un peu susceptible”, “tu pourrais quand même faire un effort”.
Là, on nie clairement le ressenti de l’autre, c’est de sa faute en plus s’il refuse le bon conseil qu’on lui donne !
Ces réactions sont tout à fait humaines et souvent initialement partent d’une bonne intention. Mais elles ont toutes le même effet : elles coupent l’écoute.
Quand on se rend compte que la communication bloque, c’est intéressant de regarder si dans ce qu’on vient de dire, on a pas par hasard été dans un de ces schémas de fonctionnement, qui sont de la non-acceptation de l’autre, ou du ressenti de l’autre…
Et si c’est le cas, on peut toujours rattraper les choses avec l’écoute active.
4. Les sujets qui fâchent
Certains sujets classiques déclenchent des tensions car ils touchent à des valeurs personnelles ou habitudes, au point qu’on finit par les éviter dans certaines familles.
1. La parentalité et les enfants
La parentalité est l’un des terrains les plus minés des repas de famille… Elle touche à des valeurs profondes, souvent très marquées par la génération, l’histoire personnelle, et l’idée (plus ou moins consciente) de ce qu’est un “bon parent”.
Les remarques peuvent être assez vite intrusives et dévalorisantes, surtout quand elles donnent l’impression que ce que vous faites n’est “pas comme il faudrait”.
Exemple : “Allez, fais un bisou à mamie”
Quand l’enfant refuse ou se cache, la remarque arrive souvent : “Quand même… il pourrait faire un effort.”
Ce qui se joue : deux visions différentes se croisent :
pour l’un, le bisou = affection, politesse, lien
pour l’autre, l’enjeu d’apprendre le respect du corps et du consentement (l’affection n’a pas lieu d’être automatique ni forcée…)
Ce qu’on peut répondre : “Je sais que le bisou est important pour toi. De notre côté, on lui apprend qu’il a le droit de dire non à un contact. Il peut dire bonjour ou te faire coucou, par contre”.
Ou juste, quand on n’a pas l’énergie : “ Ici, on ne force pas les bisous 🙂”.
L’objectif n’est pas de convaincre, mais de poser un cadre clair, sans attaquer les valeurs de l’autre. Ce sont vos choix, pas un débat public.
Vous reconnaissez l’intention, vous affirmez votre position, et vous vous arrêtez là.
2. La politique : quand les idées chauffent plus vite que le four
La politique crée souvent des tensions en famille, pas parce que les gens aiment se disputer, mais parce que derrière les opinions, il y a des peurs, des colères ou des expériences personnelles.
Avant de répondre, une question clé :
Est-ce que cette personne cherche à discuter… ou juste à avoir raison ?
Si la posture est fermée (slogans, répétitions, ton qui monte…) → le débat n’ira nulle part.
“Je crois que si on continue, le rôti va refroidir et on ne sera toujours pas d’accord pour autant.”
👉 Se retirer d’un débat stérile, ce n’est pas fuir, c’est préserver le lien.
Si la posture est ouverte, plutôt que contredire l’idée, on peut s’intéresser à ce qu’il y a dessous.
“Qu’est-ce que tu as vécu pour que ce sujet te mette autant en colère ?”
Derrière une idée très tranchée, il peut y avoir une expérience personnelle difficile, un sentiment d’injustice ou de perte de contrôle.
👉 On ne change pas forcément d’avis… mais on change de ton, et parfois de qualité de lien.
Et si on n’a pas l’énergie : c’est parfaitement ok.
“C’est un sujet important, mais là je n’ai pas l’énergie pour ça”.
3. La santé mentale : ce qu’il vaut mieux ne pas dire
Quand une difficulté psychique est connue (burn-out, dépression, anxiété…), les maladresses sont fréquentes, même avec de bonnes intentions.
« Pourtant tu n’as pas l’air déprimé·e. »
« De mon temps, le burn-out, ça n’existait pas. »
« Il faut juste se bouger un peu. »
Ces phrases minimisent ce que vit la personne et augmentent encore son malaise, sa culpabilité… qui est toujours présente dans ces cas-là (elle fait partie du problème).
Comment répondre sans s’épuiser :
“Ce genre de remarque ne m’aide pas. Si c’était si simple, personne ne serait déprimé”.
“Je vois que tu as du mal à comprendre, mais c’est réel pour moi.”
Que dire de mieux pour aider son proche : “Je vois que cette période est compliquée pour toi. Je suis là si tu veux en parler.”
En santé mentale, on n’a rien à prouver.
4. L’apparence, le travail, les choix de vie : les jugements ordinaires
Ces remarques arrivent souvent sans méchanceté :
« Tu as l’air fatigué·e, tu devrais dormir plus. »
« Tu as encore changé de poste ? »
« Tu devrais faire un régime. »
Elles contiennent presque toujours un jugement déguisé en constat ou en conseil.
Que faire : répondre sans s’expliquer :
“Promis, si j’ai besoin d’un conseil, je demanderai 🙂”
“Je vois que tu veux sans doute m’aider en disant ça, mais ça ne m’aide pas de l’entendre / ce n’est pas ma vision des choses.”
Vous n’avez pas à justifier vos choix ni votre apparence.
5. Faire respecter ses limites
Choisir sa réponse quand notre limite est franchie
La bonne réponse est celle qui protège à la fois votre énergie et la relation, ici et maintenant. Avant de répondre à quelque chose qui nous touche, 3 secondes suffisent pour se poser ces questions :
Relation avec cette personne ? (proche / éloignée / tendue / de passage)
Niveau d’énergie ? (plein / moyen / quasi vide)
Objectif : préserver le lien, poser une limite, ou juste survivre à la soirée ?
4 grands modes de réponse
Humour : désamorce si l’intention n’est pas agressive et qu’on a de l’énergie.
Ex : “Ouh là, attention, terrain glissant ! 😄”
Ecoute et limite claire :
Ex : “Je vois que tu veux aider, mais dit comme ça je me sens jugée.”
Fermeté calme : quand on insiste ou minimise.
Ex : “Peut-être pour toi ce n’est rien, mais pour moi ça compte.”
Retrait simple, si la discussion ne mène à rien ou fatigue.
Ex : « Je préfère qu’on en reste là sur ce sujet pour le moment. »
Poser une limite, c’est juste informer sur son mode d’emploi, pas refuser l’autre.
Phrases de survie express quand on a pas l’énergie :
Changer de sujet : “Je passe mon tour”, “Là, j’ai plus le carburant pour ça. »
Fermer une question personnelle : “Je préfère garder ça pour moi”, “Pas ce soir.”
Poser une limite : “Je ne suis pas à l’aise avec ça.”, “J’ai besoin que…”
Et si l’autre se victimise …
Les réactions classiques : “On ne peut plus rien dire”, “C’était pour rire”, “Tu es trop susceptible”, “Oh là là il faut marcher sur des œufs maintenant”. Vous en avez forcément au moins entendu une, une fois, non ?
Ce qui se passe vraiment : en face, la personne entend inconsciemment ”J’ai fait quelque chose de mal”, et au lieu d’accueillir ça (ce qui est inconfortable), elle se protège en inversant les rôles : le problème, ce n’est plus ce que j’ai dit, c’est ta réaction.
Votre rôle n’est pas de la rassurer, mais de revenir à votre ressenti, sans vous justifier. Plus vous expliquez, plus l’autre peut discuter votre ressenti, donc, faire court.
Comment répondre (sans se justifier) :
“On ne peut plus rien dire” → “Tu as le droit de le dire, et moi j’ai le droit de dire que ça me met mal à l’aise.”
“C’était pour rire” → “Peut-être, mais moi ça m’a touchée.”
“Tu es trop susceptible” → “C’est ta vision. Pour moi, c’est juste ma limite.”
“Il faut marcher sur des œufs” → “Pas besoin de marcher sur des œufs, juste de ne pas me marcher dessus !”
Si la personne insiste encore, répéter calmement sa limite : “Je n’ai pas envie de continuer cette discussion.” C’est votre droit.
Poser ses limites , c’est protéger le lien tout en restant soi-même. Parfois, ça peut demander d’aller respirer 5 minutes sur le balcon avant de revenir à table, avec un peu plus d’espace intérieur et de patience…
J’espère qu’avec tout ça, vous allez pouvoir passer de bonnes fêtes et justement, en profiter au mieux, sans embrouilles ! Joyeux Noël ! 🎄




Il faudrait surtout que les personnes qui ne s’intéressent pas à ce sujet lisent ton post!! Bravo et merci pour ces exemples concrets