Transitions professionnelles
Les traces des métiers qu’on ne quitte jamais vraiment
Bonjour à tout·e·s ! Point d’apprentissage aujourd’hui, juste un partage d’expérience.
J’étais partie pour juste écrire une note et puis je me suis rendue compte que ça allait être bien plus long que juste une anecdote, me connaissant… Ca part d’une anecdote qui, on va dire, ne fait que me conforter dans cette transition. Mais me révolte assez, aussi.
Ca fait plusieurs années maintenant que je suis en transition, entre mon quasi ancien métier et mon actuel (psy, en gros). Certains font des transitions rapides, j’ai une collègue du même métier qui a tourné la page vraiment plus d’un seul coup, à l’époque du COVID, mais, moi, c’est long.
Ce n’est pas la première fois que je change de voie, comme vous le savez peut-être, sinon, vous avez une bonne partie de l’histoire ici :
Phase 1
J’étais en médecine, donc. C’était une vocation, pas un hasard pour y aller, et surtout, tenir. De toute façon, à part quelques énergumènes capables de mener ça les doigts dans le nez sans se poser trop de questions, la plupart du monde, quand même, bosse dur. Je me suis accrochée, la première fois au concours de 1ère année, comme beaucoup, ça a raté, mais la 2e, j’avais compris comment apprendre dans ce cadre, qu’est-ce qui était utile ou accessoire, et j’ai foncé, toutes les heures de disponibles que j’avais, en gros à part dormir et manger, pas de vie, juste bosser, bosser, bosser. Une fois le concours passé, tu te dis que après, ça doit être quand même un peu plus cool : eh ben, non. Les autres années ont été à peu près identiques à la première : bosser, bosser, bosser, sortir un tout petit peu plus quand même, heureusement.
Il y a aussi eu de bons moments dans tout ça, j’habitais un appart très sympa à côté d’amies de ma promo, c’était sympa pour faire une pause et voir quand même un peu de monde, et puis, j’ai rencontré mon chéri aussi. Mais, comme je vous le raconte dans l’article, c’est pas une nouvelle, j’ai fini en burn-out, après 9 ans comme ça. Rien n’était facile, il n’y avait pas de moments de repos, vu que mon système d’apprentissage marchait mais prenait du temps : j’avais des très bonnes notes quand j’avais pu compléter tout ce qu’il fallait, et des catastrophiques sinon. Car dans ce domaine, le niveau de précision demandé est tel que tu ne peux pas juste te débrouiller avec des déductions ou des approximations pour combler les trous, et surtout, problème pour moi, il y a des choses à retenir qui n’ont pas forcément de logique, et ça… c’est compliqué ! Tant que c’est logique, j’accroche un petit train à un autre et ça va. S’il n’y a pas de logique plus que ça, ce sont des informations disparates qui doivent toutes exister individuellement… et des fois plusieurs versions différentes de la même chose à retenir selon… qui t’interroge ! Enfin… ce serait encore toute une histoire à vous raconter. Je n’ai pas fini, il faut que je le fasse d’ailleurs, le projet est en attente.
J’ai tourné la page, dans un sens, assez rapidement, une fois que j’ai constaté que je n’avais plus de raison d’être là. La nuit où je me suis demandée pourquoi j’étais encore là, et que je n’ai pas trouvé, c’était fini.
En tout cas, pour une partie de moi, la partie pensante, décisionnelle. Une partie de fond aussi quand même, puisque je me suis sentie revivre, hors de ce stress constant, et surtout, quand j’ai trouvé vers quoi continuer, après quelques errements.
Mais il y a une autre partie qui a continué à exister, dont je ne parle pas beaucoup, parce qu’elle n’a pas de place officielle, et je ne sais jamais trop quoi en faire.
Quand tu as été apprenti médecin 9 ans, tu as des réflexes de médecin, quand même. Des logiques, de diagnostic, des choses qui te restent, la notion de ce qui est grave / pas grave, un référentiel dans la tête, même si tout n’avait pas été appris et retenu (sans ça j’y serai encore). 9 ans quand même, quoi. Et c’est pas juste des études sur du papier, j’ai passé 4 ans à l’hôpital, dans plein de services, j’ai vu des tas de gens malades, des tas de situations diverses et variées, j’ai été dans le dur, j’ai vu la misère… Les urgences, franchement, c’est une école de vie, tous nos politiques devraient aller y faire un tour quelques jours et voir les parcours de vie des gens qui y passent. Tout le monde peut être blessé, malade, y a pas de favoritisme ou de justice, là au moins, tout le monde est égal. (Peut-être plus autant dans le traitement, maintenant, vu la déliquescence de notre pauvre système de soins qui était si bien, pourtant). En tout cas tout le monde est égal dans ce qui lui arrive.
Bref, je m’égare. Tout ça, ça ne part pas, ça ne s’oublie pas. Ca reste une expérience acquise, mais pas que. Il reste des réflexes d’un métier, qu’on a plus. Tu restes médecin dans la tête, sans l’être. C’est très bizarre à vivre. Ton identité officielle ne dit rien de ton identité de fond, à part à raconter ta vie. Je suis ex-apprentie médecin. Compliqué…
Ca reste là tout le temps. Tu vas chez le médecin, toi, parce que t’es malade. Avant, tu faisais juste confiance. Là, tu as des idées, de comment ça marche. De comment ça devrait marcher. De quand il fait peut-être une erreur. Parce que oui, ça arrive. Quand j’étais étudiante, j’ai été bien contente de l’être, quand j’ai fait une pyélonéphrite, pour être capable de me tenir à ce que mon médecin traitant avait dit, qui avait la même hypothèse que moi (ça c’était une matière que j’avais apprise), et ne pas écouter la bêtise que m’a dite le radiologue, à qui on avait juste demander de vérifier si mes reins allaient bien, et pas de voir sur la radio si j’avais une infection (ça se voit pas), et me disait que du coup je devais avoir mal parce que j’avais des gaz…
Bref, voyez l’idée. La santé, ça traverse quand même beaucoup la vie courante, on ne peut pas juste tourner la page et oublier : des cas à traiter, à penser, y en a tout le temps. Machin s’est blessé, est-ce que ça vaut le coup d’aller aux urgences ? Oui, non. J’ai un avis de pro, encore. Accident de la route, la dame a rencontré un pont avec sa voiture, oui, il faut absolument aller aux urgences, ça peut être grave - mais t’es plus médecin pour insister et faire comprendre qu’il y a un avis pro derrière ça, et pas juste un avis grand public. Avant je disais : je suis étudiante en médecine, est-ce que vous allez bien… etc. Là je dis quoi, sans raconter ma vie non plus ? Et les classiques Tu peux me prendre ma tension ? Tu peux me faire mon vaccin ? Ben… Je sais faire, mais bon… je ne suis plus censée… Bref, tous les cas des proches qui ont pris l’habitude, pendant ces années, de venir te voir pour avoir un premier niveau de réponse, parce qu’on fait tous ça, avant d’aller déranger vraiment les soignants, si on en a un sous le coude, on lui demande. Les médecins eux-mêmes, des fois, se soignent moins bien sur certaines choses parce qu’ils commencent à se soigner tous seuls sur tout ce qui est bobologie et en fait… n’ont pas toujours vraiment de médecin autre, voire n’osent pas aller consulter parce que… c’est des collègues ! Evidemment, c’est compliqué.
J’ai mis du temps à me défaire de cette identité, et les proches encore plus, qui me remettaient dedans en me redemandant des avis médicaux.
Sauf que, il y a une 2e partie. Avant, il y avait les choses que j’avais apprises, et celles que je n’avais pas encore apprises. La frontière était nette. Après, il y a eu : les choses que j’avais apprises et qui restaient, les choses que j’avais apprises et dont il restait… des bribes de mémoire dans ce qui était devenu automatique, et les choses que j’avais apprises et qui avaient totalement disparu.
Et, le best of : il peut en coexister des 3 catégories pour le même sujet. Je me rappelle de pas mal de physiopathologie, suffisamment pour savoir ce qui est logique ou pas logique comme réaction du corps, mais… plus pour être capable d’expliquer pourquoi. Je peux me rappeler que le taux de potassium est un paramètre très important et potentiellement risquer un arrêt cardiaque si c’est trop haut ou trop bas, mais incapable de me rappeler pourquoi.
C’est très agaçant. Il y a régulièrement des sujets comme ça où je sais encore intuitivement ce qui est grave ou pas (c’est déjà ça), mais impossible de retrouver l’explication. C’est juste une trace mémorielle, plus suffisamment empruntée pour revenir. Et entretenir les connaissances… n’aurait eu aucune raison d’être, et beaucoup trop chronophage. Je ne peux pas être partout. Alors, j’ai des bribes de mémoire.
Cette autre partie qui a continué à exister, a aussi ressurgi de temps en temps, dans des rêves, assez réalistes, où j’étais encore en médecine, ou partiellement à la fois en médecine et en psycho (c’est des rêves, c’est pas obligé d’être réaliste). Toujours à peu près sur le thème de passer les examens, pour continuer ou reprendre médecine, comme si j’y étais encore, et avec toujours la notion évidemment, que c’était compliqué. Des fois je passais les examens, des fois j’avais des gardes je ne sais pas bien où… Et pourtant je ne regrettais pas (en éveil) d’avoir changé de voie. Trop de choses ne me convenaient plus, et y compris la possibilité d’avoir une vie en dehors du boulot, la peur intense de passer à côté de quelque chose, tant il y en a à savoir pour être sûre de ne pas donner toutes ses chances à chaque patient (spoiler : je crois que personne n’est totalement sûr de ne rien rater), et la partie trop insupportable pour moi de parfois, ne tomber sur des maladies incurables. Accepter qu’on ne puisse pas sauver tout le monde, je l’ai fait, on l’apprend… par la force des choses. Par exemple accepter qu’on soit arrivés trop tard pour sauver quelqu’un : personne n’y peut rien. Mais accepter trop souvent qu’il y ait des choses qu’on ne sait pas encore soigner, ou qu’on ne sait même pas que annoncer comme pronostic .. ça devenait plus possible. Mais pourtant, ces relents de connaissances et d’inachevé restaient.
Phase 2
La 2e transition, la voici. J’ai accompagné une quinzaine d’années des entreprises sur les questions de conditions de travail, passionnément, sous diverses formes, en tant qu’ergonome et psychologue du travail. C’est compliqué, aussi, cette identité d’ergonome. Tiens, encore, le correcteur me remet ergonomie au lieu d’ergonome, parce qu’il ne connaît pas. Même ça, c’est usant. Ca te rappelle que ton métier n’existe pas, pour le commun des mortels. Peut-être que ça ne devrait pas me déranger. Mais c’est pourtant le cas. C’est usant, d’expliquer, encore et encore, systématiquement, ce métier, qui n’a jamais le même type d’exemple parlant selon le métier des autres.
J’ai beaucoup tenu à cette identité, ce rôle particulier de faire revenir à la réalité brute de terrain avant de décider quoi que ce soit, intermédiaire entre le très opérationnel de terrain et la stratégie… dans une figure d’équilibriste constamment. Très satisfaisante dès qu’elle permettait aux personnes de se comprendre mieux, de se réunir autour de cette question de réalité du travail qui ne parle en général qu’aux opérationnels. Mais si coûteuse en énergie, en pédagogie… nécessaire pour en arriver à intervenir vraiment dans l’entreprise. Toujours devoir démontrer l’utilité de ce qu’on fait, constamment, ça finit par être lourd. Et surtout, la sensation de passer de plus en plus par des trous de souris pour réussir à faire le job. L’impression, qu’en gros, on a une mission d’utilité publique (je le pense vraiment), et que tu es tellement content de pouvoir le faire que tu serais presque à remercier le client de te prendre.
Les premières fois où j’ai compris qu’il y avait peut-être un positionnement finalement pas normal de notre métier, c’est en discutant avec une collègue du réseau d’entrepreneures Bouge ta boîte, d’une question de traduction. J’intervenais à ce moment-là dans une entreprise qui embauchait des travailleurs étrangers… contents déjà de pouvoir travailler au chaud, même si c’était dans des positions improbables, pliés en 2 toute la journée - je n’irai pas dans le cliché du français qui serait trop flemmard ou .. dédaigneux pour travailler là : je pense que personne ne devrait juste travailler dans ces conditions, et c’est bien logique qu’on ne trouve des gens que par défaut, quand on propose quelque chose comme ça. Maintenant… si les solutions étaient simples, on les aurait déjà trouvées. Bref. J’avais donc un problème de compréhension avec les travailleurs roumains, la barrière de la langue… parce que, le plus riche et utile de mon travail (vous voyez je dis encore mon travail…), c’est comprendre l’expérience concrète des gens, qu’est-ce qui leur pose problème réellement et en quoi (remarquez… ça reste vrai comme psy aussi).
Ma collègue, donc, me dit que l’entreprise n’a qu’à prendre des traducteurs.
Et là, je réalise le gouffre de différence qu’il y a entre ses services et le mien. Jamais l’entreprise (mon client, plus ou moins, même si c’est financé par un institutionnel tiers) ne va faire quoi que ce soit pour m’aider là-dessus. Je ne suis pas en position de demander ça, je ne sais même pas comment l’expliquer à ma collègue. On essaie déjà de leur faire voir l’intérêt d’une intervention, pour améliorer les choses, on pousse le sujet du coup. On se saisit de la moindre bribe d’intérêt pour la question, et on trouve au plus vite des choses intéressantes à remonter pour maintenir l’intérêt, qui permet le partage des informations dont on a besoin, aussi, pour comprendre où est le problème. En gros, on est souvent des invités un peu encombrants. Même quand c’est gratuit. Alors que c’est pour les aider. Mais il est rare que le client ait suffisamment saisi la valeur de la chose pour être en demande au point de nous trouver des services tiers si on en a besoin pour la mission.
La 2e fois, c’était avec un autre client, institutionnel, qui a entrepris une grosse étude et paraissait réellement demandeur mais… pensait être capable de mieux faire le travail que nous (on intervient assez souvent à plusieurs, si besoin), et à un moment, ça a fini par poser problème. Encore à nous faire passer par un trou de souris, encore à devoir essayer de tordre la méthodo pour rentrer dans les cases possibles. Un peu d’agilité, OK, et de créativité, ça change. Mais à un moment, quand ça peut pas rentrer, ça peut pas rentrer.
Comme ça se comprend bien sur cette infographie, que j’ai trouvée à l’époque :
En ergonomie (qui n’est pas juste du confort…), si tu veux rapide, pas cher, et que ça atterrit à ne pas être de bonne qualité… ça sera pas juste moche; ça peut être suffisant pour que des gens souffrent, de maladies professionnelles, de risques psychosociaux… voire dans d’autres domaines, carrément du risque industriel, mais je ne suis quasiment pas intervenue dans ce type de cas. Les erreurs coûtent cher, mais notre représentation du risque d’erreur ou de manque n’est pas la même que celle du client, qui voit rarement l’ensemble des conséquences (s’il les voyait tout seul, on n’aurait pas besoin d’être là!).
C’est à peu près à partir de là, que j’ai commencé à vraiment trouver que ça devenait lourd, de tout le temps chercher à convaincre.
Une autre voie m’a fait envie, pour à la fois être efficace et voir plus vite, plus en direct les résultats de ce que je fais, et pour juste avoir une existence plus simple où son rôle n’est pas à construire constamment : revenir à la psychologie plus clinique, que j’avais beaucoup aimée aussi, mais dont les chemins à suivre au moment de choisir me convenaient moins que celle du travail. Je me suis reformée, et me voilà là où vous me trouvez ici : en tant que psychologue, avec un peu de restes d’ergonome.
J’ai, encore, beaucoup de mal à me séparer de cette 2e identité. Déjà il n’y avait pas d’obligation claire et nette, comme la première fois : je suis indépendante, je vais agir sur ce que je veux, je n’ai pas de cadre de “poste” qui me contraigne d’un côté ou d’un autre. Juste… petit à petit répondre à des demandes où je percevais que j’allais être encore cantonnée à une vision technique des choses, ou un terrain où les conditions n’étaient pas vraiment réunies pour que cela avance correctement, encore, devenait juste… plus possible. Ca prend du temps, en plus, et même si on fait une très bonne proposition, il faut encore qu’elle ne soit pas trop chère pour passer, et aussi… pas trop innovante ! Parce que ça j’ai eu aussi. Un peu trop hors des cases, même si ça répondait au besoin, et hop, raté.
Or, pour revenir au problème de “pas cher”, c’est que ça contraint le temps disponible d’intervention, et donc… pour répondre à une question donnée, la qualité de ce qu’on va pouvoir faire. L’obligation, du coup, de passer toute l’intervention à avoir la sensation désagréable de n’avoir pas assez d’éléments de l’équation pour répondre adéquatement, de faire … le travail à moitié. La performance d’arriver à sortir quelque chose de correct avec le moins de temps possible, à un moment, on peut trouver que c’est un défi, mais faire des défis tout le temps, c’est usant. Il faut quand même pouvoir défendre un rythme de croisière normal pour faire du bon boulot.
Voilà donc ma 2e transition.
Et l’anecdote de départ, qui était ce que je voulais vous raconter, est en train de m’aider carrément à tourner la page.
La petite goutte d’eau
C’est juste la goutte d’eau, quoi. J’ai reçu il y a quelques jours une demande, d’un acteur institutionnel qui anime un réseau auquel j’appartiens, un appel d’offre auquel -seuls les membres du réseau ont accès, donc, je me dis “cool”. Je sais que j’ai de moins en moins envie de répondre, quoi qu’il se passe, mais bon, je regarde au cas où. Le début est plutôt chouette, il faut intervenir dans plusieurs entreprises, dans le cadre d’un projet plus vaste, assez d’utilité publique, l’objectif est bien. Vu plusieurs entreprises, j’imagine tout de suite une grosse intervention - normalement, c’est à peu près ce qu’on fait dans ce contexte : une conduite de projet globale avec des temps de coordination entre structures, de l’analyse terrain sur plusieurs jours par entreprise, les temps de partage et de restitution après, et vu le sujet, probablement du temps de participation à la partie conduite de projet du client principal, comment nos analyses terrain nourrissent son projet.
C’est une réflexion qui se fait en quelques secondes, une représentation d’au moins une trentaine de jours en s’y mettant à 2, ça paraîtrait logique. Quand je vois dans la suite de la demande, réunion avec le / la consultante, ça m’alerte déjà un peu, je me dis “ils ont prévu qu’on soit qu’un ?”. Le demandeur connaît bien notre métier, vraiment. Donc s’il a prévu ça… c’est que ça devrait tenir, méthodologiquement… soit. Je continue. Et je découvre qu’en fin de compte ils prévoient qu’on aille en vrai juste une fois dans chaque entreprise ! Alors que… le temps qu’on comprenne déjà ce qu’il est important d’observer, et puis d’observer selon les besoins des différentes parties prenantes du sujet… pour moi il faudrait au moins 2 ou 3 visites pour chaque site, et encore, ça c’est juste le temps terrain.
Le reste confirme, le temps d’intervention et le budget prévu, en effet cadrent pour un seul intervenant, mais… pas du tout pour la mission demandée ! Donc même eux demandent du travail bâclé ? Non mais là c’est juste plus possible. Même ceux qui défendent notre mode d’intervention, sa qualité, ne le font plus. No way pour y aller, même pas en rêve, essayer de presser un petit bout d’observation pour essayer de lui faire dire tout ce que devraient dire 3 jours, et avec ça, il faut une restitution de qualité, avec le détail de la méthodo et tout … mais c’est carrément hypocrite en fait.
La demande de justification technique, elle-même, prend du temps d’intervention, et donc ça aussi c’est encore du temps repris sur ce qui ferait la qualité du job. C’est de la qualité en papier, du même style que Qualiopi quoi (tu peux faire de la m… comme formation mais démontrer que tu la fais bien !). Ah oui et puis, tout ça, en 1 mois, bien sûr. Alors qu’on a pas arrêté de leur dire que les délais à la noix, parce que leur rôle a un impact dans le mode de demande des entreprises, nous handicapaient, ils nous sortent un projet avec un délai irréaliste pour faire le travail normalement.
Voilà ce qui a achevé de me dégoûter. Du coup, je commence à avoir de moins en moins de regrets de ce style de travail, au moins !
Avec mes personnes accompagnées, je peux prendre le temps nécessaire (et pourtant c’est de la thérapie brève donc ça ne chôme pas vraiment) pour faire le travail correctement.
Et c’est tout ce dont on a besoin. Etre efficace dans ce qu’on fait, se sentir efficace dans ce qu’on fait en tout cas.
Je ne pressurerai plus 2h de travail pour essayer de faire qu’elles en valent 20.
Nous nous sommes pris nous-mêmes dans le piège de la performance, de la sur-productivité des entreprises que nous dénonçons !
Ça sera de plus en plus, sans moi. Bisous quand même.
J’ai encore l’impression de laisser des collègues sur un radeau qui coule. Mais je ne peux pas y faire plus pour autant que ce que j’ai déjà tenté de faire.
A bientôt !






Bonjour Mathilde et merci pour cet article très éclairant.
J’espère que tu vas bien.
bonne journée !
Muriel