DĂ©cryptage : 4 grands mĂ©canismes psychologiques qui peuvent te bloquer, ou quand ton cerveau tâautosabote en voulant tâaider !
Comment ton cerveau tâaime⊠au point de parfois tâempĂȘcher dâavancer !
Hello !
Tu veux comprendre pourquoi tu procrastines, tâĂ©puises Ă trop faire ou rĂ©pĂštes les mĂȘmes schĂ©mas inefficaces ? Cet article te dĂ©voile certains mĂ©canismes psychologiques invisibles â biais cognitifs, croyances limitantes, rĂšgles mentales â qui dĂ©forment ta perception, influencent tes choix⊠et sabotent parfois ta productivitĂ©. Une plongĂ©e dans la psychologie comportementale pour reprendre la main sur ton fonctionnement.
Dans cet article, je tâexplique :
Pourquoi on peut suivre des rĂšgles rigides qui ne nous conviennent plus
Comment notre cerveau fabrique des liens et des jugements qui nâexistent pas dans la rĂ©alitĂ©
Et pourquoi tout ça, ce nâest pas âun bugâ⊠mais un superpouvoir mal calibrĂ©
JâĂ©tais partie pour te faire un article sur les problĂšmes liĂ©s Ă la rĂšgle âIl faut finir ce quâon a commencĂ©â et⊠ça faisait appel Ă des notions qui demandent un article en elles-mĂȘmes. Alors, le voici !
Prends-toi un cafĂ©, jâen ai Ă raconter !
Sommaire
Pourquoi on ne fait pas ce quâon voudrait faire
Ces mécanismes qui déforment notre réalité :
1. Notre cerveau à 2 régimes
2. Le conditionnement .. notre mode dâapprentissage, pas parfait !
3. Nos croyances ou notre lecture du monde
4. Nos erreurs cognitives : quand notre cerveau nous trompe !
Ce que ça change de comprendre ça
Une autre maniĂšre dâavancer
Pourquoi on ne fait pas ce quâon voudrait faire
Tu tâes dĂ©jĂ dit :
âJe sais ce quâil faudrait que je fasse⊠mais je nâarrive pas Ă le faire.â
Ou au contraire : âJe le fais, mais je sens bien que ce nâest pas la bonne stratĂ©gie⊠et pourtant je continue.â
Tu tâes dĂ©jĂ retrouvĂ©e Ă repousser une tĂąche pourtant importante, Ă rester dans un projet Ă bout de souffle, ou Ă tâagacer de toujours rĂ©agir de la mĂȘme façon⊠alors que tu sais bien que « ce nâest pas trĂšs rationnel » ?
Bienvenue dans le monde fascinant des mécanismes psychologiques ! Ce sont eux, les grands architectes de nos comportements automatiques.
Ce genre de dĂ©calage, entre ce que tu veux faire rationnellement et ce que tu fais rĂ©ellement, nâest pas un bug personnel. Câest un fonctionnement tout Ă fait humain. Ca vient de la maniĂšre dont notre cerveau traite les informations. Il agit souvent par automatisme, en suivant des rĂšgles, des croyances, des associations⊠apprises et renforcĂ©es avec le temps, sans quâon sâen rende compte.
Ton cerveau ne te veut que du bien, mais malgrĂ© tout ce quâil fait de super, il a quelques biais de fonctionnement, dĂ©so. Nous sommes faits comme çaâŠ
Ces mécanismes qui déforment la réalité
Notre cerveau, pour gagner du temps, ne traite pas tout au cas par cas. Il automatise. Il généralise. Il remplit les blancs. Et parfois⊠il se trompe.
On va explorer 4 grandes familles de mécanismes qui peuvent créer un vrai décalage entre :
ce qui se passe objectivement,
ce que tu perçois,
et ce que tu fais.
Comprendre comment fonctionne notre mental, câest reprendre un peu de pouvoir sur nos automatismes et nos blocages.
1. Un cerveau Ă 2 vitesses !
Ton cerveau a deux modes, et il ne tâa pas demandĂ© ton avis !
La recherche en psychologie a mis en Ă©vidence 2 façons pour le cerveau de fonctionner (mais ce ne sont pas des zones prĂ©cises, câest pas cerveau gauche et droit đ) :
un mode rapide, automatique, intuitif, qui rĂ©agit sans que tu y penses (ce quâon appelle "SystĂšme 1"); on parle aussi de rĂ©seaux en mode par dĂ©faut (Default Mode Network).
et un mode plus lent, rĂ©flĂ©chi, logique, qui demande de lâattention et de lâĂ©nergie (le "SystĂšme 2"); on parle aussi de systĂšme de contrĂŽle cognitif.
Le premier te fait gagner du temps au quotidien. Il reconnaĂźt les habitudes, gĂšre les urgences, Ă©vite les conflits. Il est bien pratique ! Heureusement quâil est lĂ pour automatiser plein de choses que nous faisons âŠ
Mais câest aussi celui qui te fait dire "oui" machinalement, par exemple.
Le deuxiĂšme te permet de faire des choix plus ajustĂ©s, plus long terme mais il demande du calme, de lâespace, et un peu dâĂ©nergie mentale.
Daniel Kahneman et dâautres chercheurs en cognition ont montrĂ© que nos dĂ©cisions sont rarement aussi rĂ©flĂ©chies quâon le pense (mais ton cerveau te fait croire le contraire !).
Le mode automatique est actif par dĂ©faut, le 2e vient par exemple quand le 1er ne suffit pas Ă rĂ©pondre ou quâon lâactive volontairement; le mode 1 revient encore plus dĂšs quâon est fatiguĂ©e, stressĂ©e, prise de court, dans une situation relationnelle sensible.
Parce que le stress inhibe nos fonctions cognitives supĂ©rieures. Tout comme lâalcool, dâailleurs ! Et du coup, ça impacte notre jugement, et notre contrĂŽle inhibiteur1.
đ Un bon exemple de switch systĂšme 1 / systĂšme 2 ? La conduite.
Quand tu prends un trajet habituel, sans encombres, ton systÚme 1 pilote tranquillement. Tu peux discuter, penser à autre chose⊠tout se fait en mode automatique.
Mais sâil se passe un truc imprĂ©vu â une voiture qui freine brusquement, un bruit Ă©trange â hop, le systĂšme 2 prend le relais : tu te tais dâun coup, toute ton attention se focalise.
Et une fois le danger passé ? Tu repasses en pilote automatique.
Tu as peut-ĂȘtre mĂȘme dĂ©jĂ eu cette sensation un peu flippante :
âComment je suis arrivĂ©e lĂ ? Je nâai aucun souvenir du trajet.â
Ce nâest pas que tu Ă©tais âabsenteâ : ton systĂšme 1 gĂ©rait. Tu es en attention flottante. Mais il est performant ! Tu as sĂ»rement dĂ©jĂ remarquĂ© que ton attention complĂšte est capable de revenir dâun coup, Ă cause de quelque chose quâil a dĂ©tectĂ© de bizarre, sans mĂȘme parfois que tu sois capable dâexpliquer concrĂštement quoi (cette voiture roule bizarrement⊠juste parce quâelle serre un poil trop Ă gauche, ne roule pas Ă lâallure attendueâŠ).
Ca marche donc trĂšs bien en gĂ©nĂ©ral, quand il fait ce quâil est censĂ© faire, ce systĂšme 1.
Le systĂšme 1 est programmĂ© pour le court termeâŠ
Mais ⊠son gros dĂ©faut, câest quâil ne pense quâau trĂšs court terme. La mission initiale de notre systĂšme nerveux le plus simple, câĂ©tait te protĂ©ger des prĂ©dateurs, avoir Ă manger, voilĂ . La notion de long terme, dont on a besoin pour faire des choses qui sont inconfortables au dĂ©part, mais nous apporteront beaucoup plus tard⊠câest pas son truc ! Ca demande de reprendre le contrĂŽle conscient pour y arriver.
2. Le conditionnement : quand ton cerveau enregistre des automatismes
Notre programme de base
Le conditionnement, câest un peu comme la programmation de base de notre cerveau. Il se construit par expĂ©rience : ce qui marche est rĂ©pĂ©tĂ©, ce qui ne marche pas est abandonnĂ©.
En soi, câest simple. Mais câest comme la musique : il nây a que 7 notes, et tu fais toutes les mĂ©lodies du monde avec. Les rĂšgles sont simples. Les rĂ©sultats sont complexes !
Câest constamment lĂ , ton cerveau apprend, tout seul, sans que ça aie besoin dâĂȘtre conscient.
Câest un processus adaptatif de base, fondĂ© sur lâexpĂ©rience :
â "Quand je fais ça, il se passe ça. Donc je recommence / jâĂ©vite."
Il permet Ă tous les ĂȘtres vivants de sâadapter Ă leur environnement, mĂȘme sans langage, raisonnement abstrait, ou conscience de soi.
Oui, tu as cette conscience, tu nâes pas un planaire ! Mais ce nâest pas pour autant que ces mĂ©canismes ne sont plus lĂ : on les ignore juste parce quâils ne sont pas conscients.
Tu vois le nombre de choses que tu fais des fois, et oĂč tu es incapable dâexpliquer pourquoi ? Souvent, câest ça. Un mĂ©canisme qui nâa pas eu besoin de passer par la conscience pour se faire, et du coup tu ne sais pas expliquer.
Il y a 3 catégories de conditionnement (ou disons surtout 2, + 1).
2.1 Le conditionnement classique (Pavlov)
Tu as peut-ĂȘtre entendu parler de Pavlov et de son chien qui salive au bruit dâune cloche. Câest simplement ça : une rĂ©action automatique Ă un stimulus, totalement neutre au dĂ©part, mais qui prend un sens Ă force quâil soit associĂ© Ă un autre, agrĂ©able ou dĂ©sagrĂ©able.

Il est vraiment de lâordre du rĂ©flexe, tu ne peux pas lâempĂȘcher (en tout cas, pas volontairement lĂ sur lâinstant). On dit aussi conditionnement rĂ©pondant, pour ça. Câest juste stimulus â rĂ©ponse (je suis sĂ»re que tu as dĂ©jĂ entendu cette expression).
Exemple : si chaque fois que tu fais ta compta, tu es stressĂ©e, ton cerveau va associer âouvrir le logicielâ Ă âstressâ, ça va devenir automatique.
Ce mĂ©canisme suffit Ă fabriquer des phobies : tu as eu trĂšs trĂšs peur la premiĂšre fois oĂč tu as vu une araignĂ©e, que ça soit Ă cause dâelle ou autre chose arrivĂ© en mĂȘme temps, la peur va revenir toute seule la fois suivante, mĂȘme si toi, tu sais quâelle nâest pas dangereuse. Câest Ă peu prĂšs pareil avec toutes les choses qui nous font peurâŠ
Câest dĂ©jĂ un mĂ©canisme trĂšs puissant en soi, et qui nous joue des sacrĂ©s tours.
2.2 Le conditionnement opérant (Skinner)
Celui-ci explique beaucoup pourquoi on continue des comportements quâon sait nocifs :
1ïžâŁ Ton cerveau fonctionne beaucoup aux consĂ©quences.
Dans le conditionnement opĂ©rant, ce ne sont pas tes intentions qui dĂ©cident si un comportement se rĂ©pĂšte⊠mais ce quâil produit comme effet (dâoĂč opĂ©rant : tu fais, opĂšres quelque chose pour, dans un but).
Si un comportement tâapporte quelque chose de plaisant (ou tâĂ©loigne dâun inconfort), ton cerveau lâenregistre comme une âbonneâ option, et te pousse Ă le refaire. MĂȘme si, rationnellement, tu sais que ce nâest pas lâidĂ©al.
Le rationnel nâest clairement pas aux commandes la majoritĂ© du temps !!
Exemple :
Tu te surinvestis â on te fĂ©licite, et câest trĂšs important pour toi â tu recommences, mĂȘme si tu es au bout du rouleau.
Ce nâest pas une dĂ©cision 100 % consciente. Câest juste⊠renforcĂ© par lâeffet immĂ©diat : les compliments, la reconnaissance... (nous sommes des animaux sociaux, aussi ⊠nous avons besoin des autres, câest normal !)
2ïžâŁ Plus lâeffet est rapide, plus il est puissant.
Et voilà le rÎle du SystÚme 1 ! Il réagit selon une logique de court terme :
Soulagement maintenant ? On recommence.
Malaise maintenant ? On évite.
Un autre exemple concret :
Un cariste reçoit une prime au colis prĂ©parĂ© â il accĂ©lĂšre â plus de colis, plus de prime⊠mais aussi plus dâaccidents.
Quâil sache que rouler trop vite est dangereux ne change rien ! Câest une consĂ©quence juste probable, au long terme. La prime, elle, est systĂ©matique, et rapide ! 2 poids, 2 mesures. (Histoire vraie. Lâentreprise a dĂ» plafonner les primes pour limiter les dĂ©gĂąts.)
Et câest pareil pour lâĂ©vitement expĂ©rientiel2, trĂšs frĂ©quent :
Tu stresses â tu Ă©vites la situation ou tu la fuis â Ouf, tu respires ! â ton cerveau dit âyes ! bonne stratĂ©gie !â⊠et ⊠la prochaine fois, il se rappelle et te dit : âAlerte rouge !!â et en fait, ça augmente ta peur.
Plus tu Ă©vites⊠plus lâangoisse revient. Et les Ă©motions, câest pareil.. Plus tu veux les Ă©viter, plus elles reviennent ! Câest lâeffet cocotte-minute dont je parlais dans cet article.
Ce qui est piĂ©geant, en plus, câest que ton cerveau te laisse croire que tu dĂ©cides, alors quâil applique juste un vieux raccourci renforcĂ©.
3. Le conditionnement vicariant (Bandura)
Tu nâas pas besoin dâavoir vĂ©cu une situation pour en tirer une leçon. Observer quelquâun peut suffire.
Exemple : tu as vu ta mĂšre tout porter dans la maison, sans jamais se plaindre, et ĂȘtre valorisĂ©e pour ça ? Tu reproduis peut-ĂȘtre ce modĂšle inconsciemment.
Sans avoir besoin de faire lâexpĂ©rience nous-mĂȘmes, si on voit que quelque chose fonctionne pour les autres, nous allons le faire aussi. MĂȘme les chiens savent faire ça : ils apprennent plus vite un ordre sâils voient un autre chien rĂ©compensĂ© pour cette action (du moment quâils ont compris le lien entre lâaction et la rĂ©compense, quand mĂȘme).
Tout ça, câest notre fonctionnement fondamental, Ă tous. Notre programme commun. Ce qui change, câest notre gamme de comportements possibles (on nâa pas le mĂȘme rĂ©pertoire comportemental que les animaux, Ă©videmment !) et ce qui est renforçateur pour nous : ça peut ĂȘtre trĂšs variĂ©, et trĂšs diffĂ©rent dâune personne Ă lâautre, mĂȘme si on retrouve des grands thĂšmes communs souvent.
Fais peut-ĂȘtre une petite pause, ça fait beaucoup dâinfos !
â¶ïž PrĂȘte pour une autre petite couche de complexitĂ© supplĂ©mentaire ? Allez câest parti !
3. Les croyances : ces rÚgles internes qui nous guident ⊠et parfois nous perdent !
Nos croyances guident nos comportements, nos Ă©motions, nos choix de vie. Certaines nous soutiennent, d'autres nous freinent sans mĂȘme quâon sâen rende compte. Ce sont des rĂšgles intĂ©riorisĂ©es qui organisent notre façon de voir le monde. Elles se sont construites par apprentissage, âconditionnementâ donc, comme on vient de voir.
đč Ce que tu crois : croyances fondamentales, conditionnelles, automatiques
On a différents niveaux de croyances, plus ou moins profondes :
Les croyances fondamentales
Ce sont les plus enracinĂ©es. Elles concernent notre vision de nous-mĂȘme, des autres ou du monde.
đ âJe suis sans valeurâ, âLes autres sont dangereuxâ, âJe dois ĂȘtre parfait pour mĂ©riter dâĂȘtre aimĂ©â
Ces croyances se forment tĂŽt, souvent Ă partir dâexpĂ©riences relationnelles marquantes.
Les croyances conditionnelles
Elles traduisent des rĂšgles apprises pour composer avec les croyances profondes.
đ âSi je rĂ©ussis, alors je suis digne dâintĂ©rĂȘtâ, âSi je ne montre pas mes Ă©motions, je contrĂŽle la situationâ
Elles sont un peu plus conscientes, mais tout aussi rigides. Elles façonnent nos comportements quotidiens.
On retrouve aussi toute la sĂ©rie des injonctions que nous nous donnons : les âil fautâ, âje doisâ⊠Certaines personnes en ont une collection !!
âĄïž Les pensĂ©es automatiques
Ces croyances sâactivent souvent sous forme de pensĂ©es automatiques : ce que tu te dis, sans rĂ©flĂ©chir, dans certaines situations.
âJe vais encore raterâ, âElle va me jugerâ, âJe suis nul·leâ
Elles sont la face visible de tout ce systĂšme invisible.
đč Comment elles se forment : langage, apprentissages et associations mentales
Ces croyances ne viennent pas de nulle part. Elles sont le fruit de nos dâapprentissage, trĂšs puissants.
đ Les rĂšgles verbales : des scripts appris trĂšs tĂŽt
Les rĂšgles verbales (de Skinner, encore !) sont des consignes mentales quâon a intĂ©grĂ©es au fil du temps, par lâĂ©ducation, lâobservation, ou les rĂ©pĂ©titions.
Exemple :
âIl ne faut pas faire de vaguesâ, âSois forteâ, âLes Ă©motions, ça ne se montre pasâ
Elles fonctionnent comme des "programmes internes" qui nous disent comment nous comporter pour rester en sĂ©curitĂ© ou mĂ©riter lâamour et la reconnaissance.
Etre capable dâapprendre par rĂšgles verbales est utile, sinon, nous devrions tout apprendre uniquement de notre expĂ©rience, donc⊠rĂ©inventer lâeau chaude chacun !!
Ces rĂšgles ne sont pas toujours fausses, mais certaines peuvent devenir tellement rigides quâon finit par fonctionner seulement Ă partir de ce qui est juste dans notre tĂȘte, mĂȘme si elles ne sont plus adaptĂ©es Ă notre rĂ©alitĂ© actuelle.
đ La TCR : notre cerveau associe⊠mĂȘme sans preuve
La TCR (Théorie des Cadres Relationnels, ou RFT pour Relational frame theory en anglais) de Hayes et collÚgues explique un truc fascinant :
Ton cerveau relie spontanĂ©ment des idĂ©es entre elles, mĂȘme sans lien logique ni expĂ©rience directe.
Câest un modĂšle issu du comportementalisme moderne, qui montre comment le langage crĂ©e du sens⊠et parfois du non-sens, Ă force d'associations symboliques.
Exemple :
Tu entends : âRĂ©ussir, câest ĂȘtre trĂšs organisĂ©e.â
Tu vois ta collĂšgue super organisĂ©e ĂȘtre fĂ©licitĂ©e (conditionnement vicariant, tu te rappelles ?)
Ton cerveau en déduit :
âJe suis mal organisĂ©e â donc je suis nulle â donc je ne rĂ©ussirai pasâ
Personne ne tâa dit ça. Mais ton cerveau a dĂ©rivĂ© la relation.
Câest un fonctionnement automatique. Et câest trĂšs pratique dans la vie de tous les jours ! Mais quand ces associations se rigidifient (par ex. Ă©motion = faiblesse, demander de lâaide = dĂ©pendance), elles bloquent notre libertĂ© dâagir.
Et nous ne voyons plus toujours que ça nâest pas logique, en vrai.
Comme dans ce sophisme célÚbre :
Tout ce qui est rare est cher.
Un cheval bon marché est rare.
Donc un cheval bon marché est cher. (!)
𫣠Ăa a lâair logique⊠mais ça ne tient pas debout !
Et notre cerveau peut fonctionner de la mĂȘme façon, quand il fabrique des liens rapides sans vĂ©rification.
En rĂ©sumĂ© : ces croyances, câest ton systĂšme dâexploitation, ton OS ! Il ne se remet pas Ă jour tout seul, bizarrement, parce que tu nâas pas toujours moyen de constater quâil nâest plus Ă jour, comme il te limite dans ce que tu essaies de faire. Ca sâauto-entretient comme ça.
âĄïž La restructuration cognitive, en gros, câest faire la mise Ă jour de ton OS vers une nouvelle version beaucoup plus adaptĂ©e Ă ta rĂ©alitĂ© actuelle !
4. Les erreurs cognitives, ou quand ton cerveau te joue vraiment des tours âŠ
Il a plein de tours dans son sac, notre cerveau, pour faire coller ce qui lâarrange Ă la rĂ©alitĂ© !
Les biais cognitifs : notre cerveau, champion des illusions
Les biais cognitifs, tu as dĂ» en entendre parler, câest un peu comme des illusions dâoptique mentales.
Ton cerveau pense quâil voit la rĂ©alité⊠mais il interprĂšte Ă travers des filtres.
Comme dans cette image, oĂč notre oeil nâarrĂȘte pas de voir des points noirs aux intersections des lignes, alors quâil nây en a pas, quand on regarde bien chacun !
Ca marche un peu pareil pour notre interprétation des situations. Il y a la réalité, et puis, ce que projette notre cerveau par-dessus.
Par exemple :
Le biais de confirmation te pousse Ă ne remarquer que ce qui va dans le sens de ta croyance (âJe ne suis pas lĂ©gitime â je remarque toutes mes erreurs, pas mes rĂ©ussites.â)
Le biais de statu quo te fait prĂ©fĂ©rer ne rien changer, mĂȘme quand ce que tu vis est inconfortable (âCâest peut-ĂȘtre nul⊠mais au moins je connais.â)
Le biais de disponibilitĂ© te fait surĂ©valuer ce dont tu te souviens facilement (âJe nâai jamais rĂ©ussi Ă vendre â je suis nulle en prospectionâ⊠mĂȘme si tu nâas essayĂ© que 2 fois).
Il y en a encore plein dâautres trĂšs courantsâŠ
Le problĂšme câest que ces biais parasitent tes informations et brouillent ta prise de dĂ©cision. Tu ne pars pas de faits objectifs, mais dâune rĂ©alitĂ© dĂ©formĂ©e. Ca crĂ©e beaucoup, beaucoup de distorsion dans nos communications par exempleâŠ
Et si tu mixes une croyance fondamentale trĂšs nĂ©gative sur toi + le biais de confirmation⊠tu vas filtrer tout ce qui correspond Ă ta vision, et oublier le reste. Tu vois le truc classique de la personne Ă qui on fait un compliment, et ça a lâair de traverser dâune oreille Ă lâautre sans sâarrĂȘter, alors que la moindre petite remarque un peu critique va ĂȘtre amplifiĂ©e, il ne reste que ça ? Eh bien câest sĂ»rement ce type de mĂ©canisme en oeuvre.
La fusion cognitive : quand nos pensées prennent le pouvoir
La fusion cognitive, câest quand on est tellement collĂ© Ă une pensĂ©e quâon la prend pour un fait.
Oui, prends ton temps pour relire. Au dĂ©part, jâai eu du mal. Comment ça, mes pensĂ©es ne sont pas forcĂ©ment vraies ??
Exemple : âJe suis nulleâ. Tu ne vois mĂȘme plus que câest une pensĂ©e, tu agis comme si câĂ©tait une vĂ©ritĂ© absolue.
Notre cerveau passe son temps Ă en fabriquer, des pensĂ©es. Des utiles, et des moins utiles. Des critiques, beaucoup. Surtout si pour nous câest trĂšs connectĂ© Ă un contenu Ă©motionnel fort (conditionnement classiqueâŠ) : on va dâautant plus sây accrocher, ressasser, chercher une solution, etc⊠et on va vivre dans notre tĂȘte, pas dans la vraie vie.
En thĂ©rapie ACT3, on vise beaucoup ce mĂ©canisme de fusion : il rĂ©duit notre flexibilitĂ© mentale, nous empĂȘche dâagir selon nos valeurs, et nous enferme dans des rĂ©actions automatiques.
La bonne nouvelle ? On peut apprendre à se "défusionner" de ses pensées, progressivement.
La dissonance cognitive : quand tes choix contredisent tes valeurs
Câest le malaise quâon ressent quand on agit dâune façon qui contredit ce quâon croit ou ce quâon valorise.
Exemple : tu valorises la libertĂ©, mais tu dis oui Ă toutes les sollicitations. Ou tu crois en lâĂ©coute de soi, mais tu surcharges ton agenda.
Pour réduire cette tension, le cerveau tente de réaligner les deux bouts :
en justifiant lâaction (âJe travaille tard, mais câest pour ma familleâ) - on appelle aussi ça ârationalisation secondaireâ
en Ă©vitant dây penser,
ou en changeant ses croyances !
On croit quâon a dĂ©cidĂ© un truc, mais en fait, non; on reconstitue une croyance aprĂšs qui valide ce quâon a faitâŠ
Ce mécanisme est un des plus puissants pour expliquer pourquoi on reste parfois coincé... et aussi comment amorcer un vrai changement.
Ce que ça change de comprendre ça
Ce nâest pas toi qui nâes âpas assezâ ou âtropâ quelque chose. Pas assez disciplinĂ©e, trop sensibleâŠ
Câest juste que ton cerveau suit des rĂšgles, des associations, des habitudes⊠qui nâont pas Ă©tĂ© mises Ă jour.
Et souvent, plus tu te forces, plus tu renforces le mĂ©canisme. Ou, tu te rajoutes de la contrainte et de la culpabilitĂ©, Ă la sĂ©rie que tu avais dĂ©jĂ . Tu es encore plus frustrĂ©e, Ă©nervĂ©e de toi-mĂȘme, tu veux encore plus forcer du coup parce que câest agaçantâŠ
La solution nâest pas de faire plus dâefforts.
Câest de mieux comprendre ce qui pilote tes actions â et de crĂ©er de nouvelles rĂ©ponses plus adaptĂ©es Ă la rĂ©alitĂ© actuelle.
Alors, on fait quoi avec tout ça ?
đ On ne cherche pas Ă âĂ©liminerâ ces mĂ©canismes.
Ils sont naturels, humains, et parfois mĂȘme trĂšs utiles.
Mais on peut apprendre Ă :
Les observer (tiens, jâai cette pensĂ©e automatique⊠est-ce quâelle me sert encore ?)
Les remettre en question (quâest-ce qui me fait croire ça ? est-ce une rĂšgle ou un choix ?)
Les adapter (si je suivais ce qui me permet dâĂȘtre en Ă©quilibre, et pas ce que jâai appris Ă faire ?)
Câest le travail quâon fait, avec mon mix de coaching, TCC et ACT !
Je ne tâapprends pas Ă te discipliner (moi-mĂȘme jâen suis incapable !), mais Ă reprendre le pouvoir sur ce qui te pilote.
Pour aller plus loin :
Tu veux mieux comprendre comment tu fonctionnes pour reprendre les rĂȘnes ?
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đ Sources scientifiques pour les curieuses
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St B T Evans, J. (2008). Dual-Processing Accounts of Reasoning, Judgment, and Social Cognition. SSRN Electronic Journal. https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1082085
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Kahneman, D., & Tversky, A. (1974). Judgment under Uncertainty: Heuristics and Biases. Science, 185(4157), 1124â1131. https://doi.org/10.1126/science.185.4157.1124
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La capacité à stopper nos impulsions. Notre filtre, en gros, de comportement.
ExpĂ©rientiel = ce qui concerne notre expĂ©rience vĂ©cue, donc nos pensĂ©es, Ă©motions surtout⊠LâĂ©vitement expĂ©rientiel, câest en fait Ă©viter de ressentir des Ă©motions inconfortables.
ThĂ©rapie dâAcceptation et dâEngagement : une thĂ©rapie de â3e vagueâ des thĂ©rapies cognitives et comportementales, qui vise Ă mieux accepter ses pensĂ©es et Ă©motions, pour quâelles nous freinent moins et pouvoir nous diriger vers ce qui nous correspond mieux comme comportements.
J'adore cette vision du cerveau comme "superpouvoir mal calibré".
Ăa rejoint exactement ce que j'enseigne dans la ProductivitĂ© AsymĂ©triqueâą : arrĂȘter de forcer contre sa nature humaine et l'utiliser comme moteur.
Le conditionnement opérant que tu décris, c'est exactement pourquoi 90% des solopreneurs restent prisonniers de leur propre systÚme.
- Ils reçoivent des petits shots de dopamine à chaque tùche accomplie
- Leur cerveau dit "yes ! bonne stratégie !"
- Ils finissent par confondre mouvement et progrĂšs
Résultat : 8h de chaos au lieu de 4h de flow maßtrisé.
La solution ?
Exactement ce que tu proposes : observer, comprendre, puis reprogrammer ses automatismes.
C'est pour ça que dans mes frameworks, je commence toujours par la SouverainetĂ© Fonctionnelle â comprendre sa cognition avant d'optimiser sa productivitĂ©.
Notre cerveau n'est pas notre ennemi, c'est un allié qu'il faut apprendre à piloter.
Merci pour ce rappel Mathilde âđœ